Les camélidés andins regroupent quatre espèces emblématiques d’Amérique du Sud : l’alpaga, le lama, la vigogne et le guanaco. Ces mammifères, cousins des chameaux mais dépourvus de bosse, sont parfaitement adaptés aux conditions extrêmes de la cordillère des Andes. Parmi eux, deux espèces ont été domestiquées par les civilisations andines il y a plus de 4 000 ans : le lama et l’alpaga. Le premier fut un animal de bât indispensable au transport de marchandises à travers le Qhapaq Ñan, le réseau routier inca, tandis que le second fut élevé pour sa laine exceptionnelle, encore aujourd’hui considérée comme l’une des fibres naturelles les plus précieuses au monde. Les deux espèces sauvages, la vigogne et le guanaco, continuent quant à elles de jouer un rôle écologique et culturel majeur dans les Andes.

Ces animaux ne sont pas seulement des symboles de la biodiversité andine : ils incarnent aussi un patrimoine vivant, au cœur de l’histoire, de l’économie et des traditions des peuples andins.

Le lama, domestiqué depuis plus de 4 000 ans par les civilisations andines, est le plus grand des camélidés andins et fut longtemps un pilier de la logistique dans la cordillère des Andes. Utilisé comme animal de bât dès l’époque inca, il transportait marchandises et denrées à travers le Qhapaq Ñan, le vaste réseau de routes incas qui reliait les différentes régions du Tawantinsuyo (Empire inca). Les caravanes de lamas constituaient alors l’épine dorsale du commerce andin, permettant le transport de produits entre les hautes terres et les vallées côtières et amazoniennes.

Cette pratique millénaire a perduré jusque dans les années 1980-1990, avant de décliner rapidement sous l’effet du développement des infrastructures routières modernes. Aujourd’hui, seuls quelques villages isolés perpétuent encore cette tradition ancestrale, véritable héritage vivant de la culture andine. Le lama est également élevé pour sa laine, plus grossière que celle de l’alpaga mais utilisée localement, ainsi que pour sa viande, bien que jugée moins savoureuse.

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L’alpaga est un camélidé domestiqué il y a plus de 6 000 ans, élevé principalement pour sa laine, considérée comme l’une des fibres naturelles les plus luxueuses au monde. On distingue deux races :

• Huacaya, la plus répandue, dont la toison dense et bouclée rappelle la laine de mouton.
• Suri, plus rare, dont les mèches longues et soyeuses tombent en fines cordes brillantes. La laine des jeunes alpagas, et en particulier celle des Suri, est la plus fine et la plus douce, très recherchée par l’industrie textile haut de gamme.

Historiquement, l’élevage privilégiait les animaux blancs afin de faciliter la teinture. Aujourd’hui, la tendance aux teintes naturelles redonne de la valeur aux alpagas colorés. Leur palette est impressionnante : blanc, beige, marron, gris, noir, avec de multiples nuances intermédiaires. Cette diversité chromatique est devenue un atout majeur pour la mode durable et éthique.

La vigogne est la plus petite et la plus élégante des camélidés andins, vivant au-dessus de 4 000 mètres d’altitude. Sa laine, d’une finesse inégalée, était déjà réservée aux empereurs incas et reste aujourd’hui la fibre naturelle la plus précieuse au monde. Victime d’une chasse intensive, l’espèce avait presque disparu dans les années 1960, avec à peine 6 000 à 10 000 individus recensés dans toute la cordillère. La sauvegarde de la vigogne a débuté en 1967 avec la création de la Réserve nationale de Pampas Galeras au Pérou, suivie de programmes de protection et de réintroduction. Ces efforts, menés en collaboration avec les communautés locales, ont permis un spectaculaire rebond démographique : la population dépasse aujourd’hui les 200 000 individus et l’on peut observer des vigognes assez facilement au Pérou, en Bolivie ou en Équateur.

Au-delà de son importance écologique et économique, la vigogne est devenue un symbole national péruvien. Elle figure fièrement sur les armoiries du Pérou, aux côtés du quinquina (pour la flore) et de la corne d’abondance (pour les ressources minières), représentant la richesse naturelle du pays.

Le guanaco est l’un des deux camélidés andins encore sauvages, présent du Pérou jusqu’à la Terre de Feu. Considéré comme l’ancêtre du lama domestique, il n’a jamais été apprivoisé mais a joué un rôle indirect dans l’histoire andine. Mesurant entre 90 et 130 cm au garrot pour un poids de 90 à 140 kg, il se reconnaît à son pelage brun clair sur le dos et blanc sur le ventre, ainsi qu’à son allure élancée et ses longues pattes adaptées aux terrains accidentés. Animal grégaire, il vit en troupeaux menés par un mâle dominant et peut courir à plus de 50 km/h pour échapper à ses prédateurs, notamment le puma. Herbivore strict, il contribue à l’équilibre des pâturages andins en broutant sélectivement les herbes et arbustes. Sa laine, plus grossière que celle de l’alpaga ou de la vigogne, est néanmoins utilisée localement, tandis que dans certaines régions de Patagonie il est aussi chassé de manière contrôlée pour sa viande et son cuir.

Bien que classé en préoccupation mineure par l’UICN, le guanaco reste menacé par la réduction de son habitat et la chasse illégale, mais ses populations demeurent relativement stables, faisant de lui un symbole de la faune sauvage sud-américaine, particulièrement visible dans les parcs nationaux de Patagonie.

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Les camélidés andins – alpaga, lama, vigogne et guanaco – sont bien plus que de simples animaux de montagne. Ils incarnent l’histoire millénaire des civilisations andines, la richesse culturelle des peuples de la cordillère et un patrimoine naturel unique au monde. Leur rôle, qu’il soit économique, écologique ou symbolique, continue de marquer profondément la vie des Andes.

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